Avant la révolution, le curé fait partie du clergé, ordre privilégié, mais dans les campagnes le curé est souvent réduit à la portion congrue. Il est exempt d'impôt, perçoit la dîme, souvent il vit dans la misère autant que le peuple dont il est issu. Pendant la révolution, Ludes connaît trois curés : l'Abbé Massy, l'Abbé Bidaut, l'Abbé Lejeune.
Mr Sébastien Massy, né à Reims sur la paroisse Saint-Hilaire, a été ordonné à Noël 1770. Le 20 octobre 1774, il était curé de Pourcy. Le 24 décembre 1782, curé de Ludes au décès d'Etienne Dauphinot. Pour répondre aux vœux de l'Assemblée Constituante dans une lettre adressée à la municipalité, il se propose "de prêter serment dimanche 30 janvier 1791, à l'issue de la messe de paroisse, n'ayant rien à se reprocher".
Voici le texte de son serment :
Je jure en ma qualité de curé de veiller avec soins sur les fidèles de cette paroisse que le Seigneur m'a confiés, d'employer tous mes efforts pour les porter au bien et écarter d'eux tout ce qui pourrait leur être une vexation ou un sujet de scandale et de perte, de leur montrer dans toutes les circonstances la véritable voie qui conduit au salut, de les instruire avec fidélité des vérités saintes que la religion Catholique, Apostolique et Romaine dont j'ai l'honneur d'être le ministre et dans le sein de laquelle je déclare hautement que je veux vivre et mourir.
Signé Massy, Curé de Ludes.
Quelques mois plus tard, le 24 mai 1791, il quitte sa cure et se retire à Reims, probablement en rupture avec les idéaux révolutionnaires. Le 9 septembre 1792, il reçut son passeport pour Namur (n° 6368). Le 22 ventôse an IV, le Conseil général de Reims eut à se prononcer sur les revendications que soulevaient les héritiers de l'abbé Massy, ex-curé de Ludes. Ses biens avaient été vendus 11.125 livres. Comme il était simple déporté, sa famille réclamait le produit de la vente. Le droit des héritiers fut reconnu. Toutefois le fisc conserva une somme de 2.375 livres qui représentait le produit des vignes de M. Massy pendant la séquestration.
Il est remplacé par Mr Gérard Bidaut. Né à Reims le 16 mai 1745, il était religieux cistercien au couvent des Trois-Fontaines. Avant d'être appelé à desservir Ludes, il était curé de Badonvilliers (Meuse). Il prête serment début juin 1791, mais à travers ses paroles on pressent déjà une certaine réticence aux vertus révolutionnaires. Ne dit-il pas qu'il "est persuadé que nos sages législateurs ne peuvent rien ordonner aux ministres des autels qui soit contraire à la religion", et il ajoute cette question : "Dois-je effectivement avoir rien de plus cher que les âmes que la providence a confié à mes soins par vos vœux et vos voix auxquels on ne peut être plus sensible? Plus loin il dit encore : "Saint Paul m'enseigne d'autre part que tout homme est soumis aux puissances temporelles, qu'il n'est aucune puissance qui ne viennent de Dieu, et que c'est lui qui a établi toutes celles qui existent". En juin 1792, prétextant "des raisons d'infirmités", il demande sa démission et retourne sans doute dans la Meuse. En effet, le 15 prairial an X, "Gérard Bidault, curé de Badonvilliers (Meuse), 60 ans" a fait à Reims le serment concordataire et, le 17 fructidor an X, il a déclaré se soumettre à la Constitution et n'avoir reçu ni don ni héritage depuis sa sortie du couvent. En 1807, Bidault desservait La Croix (Marne). Il est mort à Reims le 14 juillet 1833.
Le premier juillet 1792, un jeune curé du nom de Alexandre Benoît Lejeune (35 ans) le remplace. Il était vicaire de la paroisse St Remy, il prête serment à la Constitution le dimanche 15 août 1792. Il est le témoin de toutes les outrances révolutionnaires comme la réquisition des objets servant au culte et par soucis de lui éviter des ennuis, la municipalité lui accordera un certificat de civisme qui stipule "qu'il a toujours témoigné une entière soumission aux lois avec le plus grand civisme, et s'est toujours comporté en vrai républicain".
LES ANCIENS CURÉS