1 janvier 1939

         La gare CBR et les terrains attenants deviennent propriétés de la commune par cession du Conseil Général (délib. du C.G. du 10 mars 1938)

 

11 mai 1939

Le conseil décide la pose d’une plaque commémorative de la liste des maires de la commune dans la salle des délibérations, qui se sont succédés depuis la révolution, pour un coût de 2.400 F.

 

27 août 1939

Lecture de la circulaire de la ville de Reims concernant le logement et l’hébergement d’une partie de la population de Reims en cas de guerre.

Le conseil accepte de loger les 44 personnes fixées par lettre. D’ailleurs ce chiffre est largement dépassé puisque 73 personnes de Reims ont déjà retenu un logement dans la commune.

 

Budget primitif 1941 en recettes et dépenses : 141.686 F.

 

8 septembre 1939

          Le maire a reçu dans la matinée, la visite d'un officier britannique accompagné de deux gendarmes, l'informant qu'il réquisitionnait toute l'ancienne briqueterie et que la commune devait établir un état de cantonnement pour 38 officiers et 565 hommes.

 

8 décembre 1939

          Le Roi Georges VI accompagné de son frère le duc de Gloucester, visite ses troupes en France et s'arrête à Ludes, pour visiter le magasin de pièces d'avions qui était implanté dans les bâtiments de la briqueterie chez la famille COQUOT.

 

monument aux morts
cliquez sur l'image pour l'agrandir

La famille COQUOT avec des aviateurs britanniques,

derrière la maison de la briqueterie de Ludes.


Diplôme de remerciements remis à la famille Ployez-Jacquemart

 

par les officiers de la Royal Air Force qui étaient logés à Ludes en 1939

 

 

 

27 février 1940

 

 Conseil municipal

 Maire : Edmond CANARD, Adjoint : Pol CANARD

 

La chasse étant interdite depuis la déclaration de guerre, les locataires du droit de chasse demandent qu’une remise leur soit faite du montant de la location.

 

18 avril 1940

10 juin 1940

          15° Groupe de Reconnaissance de Division d'Infanterie. Le capitaine Metzger décide de porter les unités non combattantes ou hors d'état de livrer combat à Ludes. Ces éléments stationnés à Ludes comprennent une vingtaine de véhicules et 70 chevaux environ.

 

11 juin 1940

          Les allemands entrent dans Reims.

 

11 juin 1940

          Le 151° régiment d'infanterie stationne à Ludes. La mise en place du détachement chargé de défendre la Montagne de Reims, bien que retardée par un embouteillage considérable provoqué tout le long des routes par des destructions, des voitures démolies et des convois, était terminée vers 23h00 pour les unités de premier échelon et vers 03h00, le 12 juin, pour celles de deuxième ligne.
Le dispositif prescrit par le Colonel Cottenet, commandant le 80ème RI, était simple : un bataillon (I/80) à Mailly-Champagne, où sa droite sera en partie relevée le 12 à 06h00 par des éléments du 5ème Régiment de la 10ème DI, un bataillon (III/80) à Ludes et un bataillon réservé vers la clairière de La Neuville, en lisière des bois, à proximité de la route de Louvois.

 

          La matinée du 12 juin est calme, ce qui permet aux unités de première ligne d'améliorer leur organisation défensive et à l'artillerie de préparer ses tirs d'arrêt et de contre-préparation. Vers 11h30 des éléments ennemis en colonne par trois sont aperçus à environ 2 kilomètres sur la crête ouest de Romont, en marche vers le sud. Les feux de mitrailleuses en tirs lointains provoquent la dispersion des colonnes de tête, mais la progression reprend par petites fractions et avec une certaine lenteur. A 12h30, un mouvement identique est aperçu sur les routes Puisieulx-Ludes et Trois-Puits-Ludes. Les tirs de contre-préparation sont déclenchés au moment où l'ennemi arrive à un kilomètre des positions, bientôt doublés par le tir des armes automatiques.


          L'attaque ennemie marque un certain flottement mais repart principalement devant Ludes. Les tirs d'arrêt l'atteignent en plein et les assaillants s'infléchissent vers le sud-est devant le front du 1er bataillon où les tirs d'arrêt se déclenchent à leur tour. L'artillerie qui tire à une cadence considérable vide ses coffres. Les armes automatiques font de même. L'ennemi est complètement désorganisé. Il est à peu près 13h30.

 

        André NÉNOT, capitaine du 80° régiment d'infanterie, chevalier de la Légion d'Honneur, croix de guerre 1918, est tué au Craon de Ludes.

 

         Roger VINQUEUR, soldat au 151e régiment d’infanterie , né le 3 mars 1918 à Louplande (Sarthe), est tué à Ludes lors d’un bombardement.

 

3 août 1940

 

Laissez-passer délivré à Gaston LEGRAND et Victor BAUCHARD pour se rendre de Ludes à Reims et retour le 4 août 1940.

 

 

2 octobre 1940

3 appareils radio T.S.F. sont réquisitionnés par la kommandantur d’Avenay. Ces appareils ont été rendus le 9 novembre.

 

21 octobre 1940

Carte Nationale de priorité des mères de famille nombreuse, délivrée à Rosa DAMIEN, épouse de Fernand COQUOT. Ils eurent neuf enfants, mais les prénoms et quelques dates de naissance ne sont pas bien transcrits sur la carte.

 


28 décembre 1940

         Ludes recense 33 prisonniers de guerre. Chaque famille devra remplir une fiche pouvant servir à établir une demande de colis.

 

30 avril 1941

         Suite à la réception d’une circulaire ministérielle, le conseil accepte de créer un centre scolaire d’éducation physique et sportive.

 

25 juillet 1941

         Le garde champêtre, Mr René JOREZ et Mr Albert LAMARCHE sont désignés pour remplir les fonctions d’agent de sécurité. Un permis officiel de circulation de nuit leur a été délivré par la sous-préfecture et la kommandantur.

 

15 octobre 1941

         A cette époque, tout le fer était récupéré pour l'armée allemande. Les animaux à ferrer étaient recensés pour fournir des fers et des clous pour les sabots. Henri GUIET était le maréchal ferrant de Ludes. 4 mulets ont été recensés, ainsi que 64 chevaux.

Mr MAUCLERC du Mont Fournois possédait 15 chevaux, Ernest MONMARTHE 5 chevaux, Gabriel BEUZART en avait 4, Jean DEBEINER, Jean BAUDET, François ROUSSEAU, Gaston SOHET en avait chacun 3.

 

20 novembre 1941

         Henri QUENARDEL, nommé Sous-Lieutenant des sapeurs-pompiers, en remplacement de Gaston SOHET, décédé.

 

9 mars 1942

         Le maire donne lecture d’une lettre de Mr H. Maingot, délégué régional à la restauration paysanne, demandant de mettre à sa disposition pour un temps limité, de la salle des répétitions pour y établir un dortoir pour les jeunes gens qui vont fréquenter la ferme école des Monts Fournois.

 

12 mars 1942

         Réquisition de chevaux pour l’armée allemande :

BLONDEL : 2 chevaux

G. BEUZART : 1 cheval

F. ROUSSEAU : 1 cheval

CANARD-DUCHENE : 1 cheval

 

13 mai 1942

         Suivant la demande du Maréchal Pétain, le conseil municipal marquera cette année la fête des mères par une manifestation intime (31 mai)

 

22 août 1942

          Jean Alfred NAGEOT, né le 8 mai 1899 à Ludes, décède au camp d'Auschwitz.

 

27 février 1943

         Le maire fait publier et afficher l’ordre de recensement des hommes résidant dans la commune, nés entre le 1er janvier 1920 et le 31 décembre 1922. Loi du 16 février 1943 instituant le service du travail obligatoire (STO)

 

9 avril 1943

6 septembre 1943

         Décision d’électrification de la ferme des Monts Fournois.

 

24 décembre 1943

Liste des sapeurs-pompiers de Ludes

         QUATRESOLS Henri          Sous-Lieutenant

         AMÉ Marc                       Adjudant

         QUATRESOLS Émile          Sergent

         DÉSAUTEZ René               Caporal fourrier

         LEGRAND Maurice            Caporal

         FORBOTEAUX Sylvain       Caporal tambour

         LASSALLE Paulin               Clairon

         LINARD Lucien                 Clairon

         LOISEAU Maurice             Clairon

         BOUCHOTTE Raoul           Clairon

         MOREAU Gaston              Sapeur

         PETIT Lucien                    Sapeur

         RULLAND Paul                 Sapeur

         VANHAM André               Sapeur

         GUIET Henri                     Sapeur

 

26 juillet 1944

         Les installations sportives affectées aux enfants des écoles sont en cours de finition : poteau d’évolution, terrain de basket, piste de 200m, sautoirs en longueur et hauteur.

 

29 août 1944

         Libération de Ludes par les armées alliées.

 

6 octobre 1944

         Par arrêté du Préfet, sont maintenus ou rétablis dans leurs fonctions de conseillers municipaux, Mrs Edmond Canard, Georges Gougelet, Pol Canard, Georges Coquillard, Fernand Dumangin, Eugène Forget, Camille Meunier, élus antérieurement au 1er septembre 1939.

         Les membres ne figurant pas dans la liste ci-dessus sont suspendus de leurs fonctions de conseillers municipaux.

         Sont désignés, à titre provisoire, pour compléter le conseil, Fernand Garitan, Henri Joannel, Mme Vve Abel Lepitre, Jean Quenardel, Lucien Quenardel.

 

21 octobre 1944

         Maire : Edmond Canard

         1er adjoint : Pol Canard

         2è adjoint : Georges Gougelet

 

20 mai 1945

         Maire : Jean Grégoire

         1er adjoint : Albert Lamarche

         2è adjoint : Raymond Rulland

Conseillers : Pol CANARD, Roland COLLIN, Fernand GARITAN, Pierre QUENARDEL, Maurice GOUGELET, Lucien DELABRUYERE, Henry JOANNEL, Alfred BRUCELLE, Léon MONMARTHE.

 

Avril, mai, juin 1945

         Retour des prisonniers de guerre : Maurice Alphonse PETIT, Pierre Gaston FORGET, Paul JACQUEMINET, Charles JOREZ, André HERBERT, Gustave GRIGNON, Robert PETIT, Charles REBEYROLLE, André GARITAN, Robert JOBART.

         Retour des déportés S.T.O. : Gaston LEGRAND, Robert DUMANGIN, Aimé JOBART, René NIGOND, Pierre PAINSET, Jean PETIT, Louis JOANNEL, Emile QUATRESOLS, Roland PETITBON.

 

14 juin 1945

         Réception d'un télégramme du Général de Gaulle en remerciement d'un message de félicitation de la part du Conseil Municipal.

Le vin de Champagne

à l'épreuve de l'occupation allemande 1940-1944

par Jean-Pierre HUSSON (extrait)

 

Trafic et marché noir autour du champagne

Dans le contexte de pénurie et de rationnement qui prévalait alors, et compte tenu des convoitises qu'il exerçait sur les Allemands, le champagne a fait aussi l'objet d'un trafic d'une ampleur qu'on a du mal à mesurer.

 

Le 13 mars 1945, à la direction générale du ministère de l'Économie, le directeur départemental du Contrôle économique présentait une évaluation des « transactions irrégulières pour compte allemand » qui situait le champagne à la première place, avec des transactions illicites portant sur deux millions de bouteilles évaluées à 200 millions de francs.

 

Avec le dossier de Lucien Douvier, nous disposons d'une autre source qui permet de prendre la mesure des trafics de champagne avec l'occupant. Engagé comme interprète à la mairie de Reims, Douvier y fit la connaissance de l'officier allemand chargé du service du commerce, le docteur Martens. En juillet 1940, celui-ci lui confia la gérance d'un magasin installé Place de l'Hôtel de Ville et réservé exclusivement aux militaires allemands. À ce magasin spécialisé dans la vente de champagne, de cognac et de liqueurs, était annexé un petit commerce clandestin de bas de soie et d'articles en indémaillable tenu par Madame Douvier. Grâce à des bons de réquisition signés au départ par Otto Klaebisch, puis, selon des négociants en vin de champagne entendus comme témoins lors du procès Douvier, par le Bureau de répartition des vins de Champagne et, à partir de 1941, par le CIVC, ce trafiquant s'est fait livrer par les maisons de Reims, Rilly-la-Montagne et Ludes, pendant les quatre années qu'a duré l'Occupation, un minimum de 370 000 bouteilles de champagne, revendues à des soldats allemands en réalisant d'énormes bénéfices. Douvier fut condamné à mort en 1945, mais il y eut dans la Marne d'autres trafiquants petits et gros, qui ne furent guère inquiétés à la Libération, et qui surent rapidement se reconvertir dans le commerce avec les libérateurs américains.

 

Il ne semble pas en tout cas que le chiffre de 2 millions de bouteilles avancé par le directeur départemental du Contrôle économique, en ce qui concerne le marché noir du champagne pendant l'occupation, soit exagéré.

 

Mort de la guerre 1939-1945

 

LEPITRE Abel Félicien, mort pour la France le 02/07/1940 à (10) Coursan en Othe.

Né le 15-11-1899 à Chigny les Roses 51.

 

C'est dans le petit village de Ludes-le-Coquet, niché au pied du coteau délimitant le vignoble de la grande Montagne de Reims, qu'Abel Lepitre (1900-1940) crée en 1924, sans grands moyens financiers la Maison de Champagne qui porte aujourd'hui encore son nom. Originaire d'une famille de vignerons, Abel Lepitre, maîtrisant parfaitement les techniques de vinification et de champagnisation, réussit rapidement à donner à ses vins une place enviable sur le marché français et à l'exportation.

 

A la veille de la seconde guerre mondiale, la maison Abel Lepitre expédie annuellement environ 100 000 cols, à une époque où la production champenoise ne dépasse pas 25 millions de bouteilles.

 

En 1940, Abel Lepitre décède sur le chemin de la captivité en Allemagne à l'âge de 40 ans, à Coursan en Othe dans l’Aube. Son fils Jacques (1926-1988), âgé seulement de 14 ans, ne reprendra la maison paternelle qu'à la fin du conflit, d'abord auprès de sa mère, Marie Lepitre, puis rapidement Jacques prend l'entière responsabilité de la Maison. Pendant ces années difficiles, il est utilement conseillé par le courtier, Marcel Fignerolles


Assassiné comme résistant

André WATIER est né le 7 février 1901 à Chigny-les-Roses.

 

Capitaine de réserve, père de cinq enfants dont le plus jeune est né en 1940, il est instituteur puis professeur à Reims, d'abord à l'École professionnelle supérieure puis au Collège moderne et technique, en même temps que chef de travaux à l'École de médecine et professeur à l'École supérieure de commerce. Domicilié à Ludes, il y constitue un groupe de résistance.

 

Le 24 août 1944, il est arrêté à son domicile et conduit à Verzenay à la Ferme de l'Espérance. Le 27 août, il est exécuté à la mitraillette à quelques centaines de mètres de la ferme par le milicien René Lentremy, en même temps que Rufin Waïda et Henri Tourte. Son corps est jeté dans un fossé et recouvert de branchages.

 

Le nom d'André Watier est inscrit sur le monument aux morts de Ludes avec, par erreur, la mention « déporté ».

 

À Châlons-en-Champagne, il figure sur la plaque 1939-1945 érigée à l'École normale de garçons, transférée ultérieurement dans la cour d'honneur de l'IUFM (ex École normale de filles).

 

À Reims, son souvenir est conservé dans le square des victimes de la Gestapo, sur la plaque « des maîtres de l'école laïque, sur la plaque commémorative 1939-1945 du personnel de la Ville de Reims, et sur une plaque apposée à l'intérieur du lycée Roosevelt.

 

Morts en déportation

 

NAGEOT Jean Alfred

 

Il est né le 8 mai 1899 à Ludes-le-Coquet (Marne) sous le nom de sa mère, Noélie Régina PETIT, 27 ans, manouvrière. Le 7 décembre 1901 Joseph Eugène Nageot, 32 ans, « domestique de culture », reconnaît et légitime l’enfant en se mariant à la mairie de Ludes avec Noélie Petit, (cuisinière). Jean Nageot a trois sœurs et un frère cadets : Marguerite, née en 1904, Alfred, né en 1905, Yolande, née en 1906 et Jeanne, née en 1910.

 

Jean Nageot est voyageur de commerce. Il se déclare jardinier au moment de son interrogatoire à Auschwitz. Il se marie le 24 juin 1922 à Bazancourt (Marne), avec Lucienne Renée Cousin. Elle est née en 1902 à Verzenay (Marne). Le couple a un garçon, Jean-Gilbert, qui naît en 1929 à Verdun (il est décédé en 1989).

 

En 1931, la famille habite au 21 avenue de la 42e Division à Verdun. Il travaille à cette date comme voyageur de commerce pour le compte de la société « Mondial Nouveautés ». En 1938, Jean Nageot est un des lauréats d’un concours organisé par le « Bulletin meusien », organe du Groupement fraternel des réfugiés et évacués meusiens. La famille habite alors au n° 31 de l’avenue de la 42e Division.

 

On sait qu'il a été mobilisé à la déclaration de guerre de 1939, et fait prisonnier.

 

Il habite à Verdun (Meuse) au moment de son arrestation. D'après la teneur de sa lettre du 24 avril 1942, il ressort qu'il a dû être membre du Parti communiste avant sa dissolution. Dans cette lettre adressée (« en douce » écrit son neveu) à son frère et à sa soeur, il leur décrit son « odyssée depuis ma rentrée de prisonnier. Ce n’est guère réjouissant. Les premiers moments de cette vie nouvelle ont été très déprimants. Mais petit à petit j’ai remonté ce moment de dépression, car que peut-on me reprocher depuis août 1929, rien et rien avant 1939, nous étions tous des citoyens libres, et libres aussi de penser à notre guise ».

 

Fin juin 1940, La Meuse est occupée : elle est avec la Meurthe-et-Moselle et les Vosges dans la « zone réservée » allant des Ardennes à la Franche-Comté. La présence militaire, policière, administrative et judiciaire de l'occupant y est nettement plus importante que dans le reste de la zone occupée.

 

La région est essentiellement agricole et le Parti communiste (3% des voix aux élections de 1936) y est presque inexistant. Son activité est pratiquement interrompue après l'arrestation, entre le 21 et le 23 juin 1941, de vingt communistes qui sont internés à Compiègne, antichambre de la déportation. Parmi eux Jules Allaix, Lucien Bonhomme, Adrien Collas, Pierre Collas, Charles Dugny, Henri Fontaine, Antoine Laurent, Pierre Lavigne, Jean Nageot, Jean Tarnus, qui seront tous déportés à Auschwitz, le 6 juillet 1942.

 

On ignore la date précise de son arrestation, mais il est vraisemblable qu'elle se situe comme celle des autres meusiens entre le 22 juin et le 23 juin 1941. Dans ce cas elle a lieu dans le cadre de la grande rafle commencée le 22 juin, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique. Sous le nom «d’Aktion Theoderich», les Allemands, avec l’aide de la police française, arrêtent plus de mille syndicalistes et/ou communistes dans la zone occupée.

 

D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par l'armée allemande, les meusiens sont envoyés, à la demande des autorités allemandes, le 27 juin 1941, au camp de Royallieu à Compiègne (Oise), le Frontstalag 122, administré par la Wehrmacht et qui ce jour-là devient un camp de détention des “ennemis actifs du Reich”.

 

Selon Henri Pasdeloup, le groupe des meusiens est immatriculé à Compiègne le 28 juin 1941 entre les numéros 542 et 564. Il mentionne la présence de Jean Nageot parmi eux. Selon Jean Éloi, son neveu, Jean Nageot réussit à faire passer à sa femme une lettre "passée en douce depuis Compiègne ou il attendait… il ne savait pas quoi".

 

Jean Nageot est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 ». Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en France, les « judéo-bolcheviks » responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro "45917".

 

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a été pas retrouvée parmi les 522 photos que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

 

Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks. 

Jean Nageot meurt à Auschwitz le 22 août 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz. L'arrêté ministériel du 13 mars 1995 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes de décès (J.O. du 6 avril 1995), reprend la date fictive portée, sans lieu de décès, sur son état civil à la Libération "décédé le 15 août 1942 (sans autre renseignement)".

 

Le 3 juin 1945, son épouse, comme des dizaines d'autres épouses de déportés, fait paraître une demande d'informations dans "L’Est Républicain", à la rubrique « Recherche de déportés » destinée à recueillir des informations auprès des déportés rescapés.

 

Selon son neveu, Jean Eloi (de Dorval, Province de Québec, Canada), c'est par une lettre d'un survivant que sa tante apprit la mort de son mari à Auschwitz.

 

Son nom est inscrit sur le monument à la mémoire des "Enfants de Verdun morts pour la France", sur la murette de droite sont gravés les noms des prisonniers, déportés, F.F.I.


FORBOTEAUX Edmond Just, né le 18 octobre 1904 à Ludes, fils d'Henri Louis Forboteaux et de Julia Clément.

 

Marié à Carmen Gabrielle Regard le 7 avril 1928, avec qui il a eu 6 enfants s'appelant Henri (1932-1932), Georges Henri (1934-1979), Jacky (1936-2000), Serge né en 1939, Claude (1942-1942) et Jean-Claude (1944-1944).

 

Agent d'assurances, militant socialiste et syndical, il est membre de la Commission exécutive de l'Union des syndicats ouvriers de la Marne. Il occupe aussi les fonctions de comptable et de secrétaire du personnel des Hospices de Reims.

 

Fait prisonnier en juin 1940, il s'évade et rentre à Reims fin août 1940. En octobre 1941, il est membre de l'état-major de Libération-Nord, responsable du recrutement, de la prise en charge des réfractaires du STO et de la fabrication de fausses cartes d'identité et d'alimentation. En février 1944, il fait partie du premier Comité départemental de libération nationale (CDLN) au titre de Libération-Nord avec Robert Duterque. Avec lui il participe au printemps 1944 à la rédaction du premier numéro de L'Union clandestine.

 

Arrêté le 13 juin 1944 à Reims, il est interrogé brutalement au siège de la Gestapo de Reims, puis à nouveau à la prison de Châlons-sur-Marne. Transféré le 8 juillet à Compiègne, il est déporté comme résistant le 15 juillet 1944 à Neuengamme (matricule 37 093), où il est astreint au travail forcé à la briqueterie.

 

Les informations concernant la suite de sa déportation sont contradictoires. Le JO du 18 juin 2009 le dit décédé à Neuengamme dès le 20 juillet 1944. Le Livre mémorial des déportés de France le déclare disparu en avril 1945 sans plus de précision. Le témoignage de camarades déportés permet cependant de reconstituer son parcours. Edmond Forboteaux a été affecté au Kommando de Bremen-Farge, puis dans un Kommando de déblaiement à Hambourg. Très affaibli, il a été ramené au Revier de Neuengamme, puis évacué dans un transport de malades en direction de Lübeck-Neustadt. Il a vraisemblablement disparu dans le naufrage des bateaux allemands coulés par l'aviation britannique, le 3 mai 1945, en baie de Lübeck.

 

À Reims, une plaque commémorative est apposée en 1947 par la municipalité à son domicile 14, rue Machet. Son nom est inscrit sur le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation, sur la stèle élevée par le Parti socialiste SFIO au cimetière du Nord et sur la plaque apposée à la Bourse du Travail, aujourd'hui Maison régionale des syndicats. Une allée du quartier des Épinettes porte son nom depuis 1973.