Avril 1914  Les métiers à Ludes.

D'après la liste électorale, il y avait à Ludes, les métiers suivants (il manque la moitié des métiers, les femmes n'étaient pas sur les listes électorales, et les mineurs (enfants) qui travaillaient non plus).

 

Instituteur 1 – Camionneurs 3 – Cultivateurs 6 – Propriétaires 70 – Carriers 2 – Manouvriers 8 – Cantonniers 5 – Succursalistes 3 – Vignerons 60 – Cavistes 13 – Maçons  10 – Négociants en vins 4 – Employés 3 – Boucher 1 – Boulangers 2 – Peintre 1 – Rentiers 2 – Maréchal 1 – Graveur 1 – Curé 1 – Domestique 1 – Charrons 2 – Charpentiers 2 – Briquetiers 2 – Zingueur 1 – Facteurs 2 – Cordonnier 1 – Menuisiers 2 – Garde Champêtre 1 – Chefs vignerons 2 – Charretiers 2 – Jardiniers 6 – Courtiers en vins 2 – Buraliste 1 – Bourrelier 1 – Charcutier 1 – Tuilier 1 – Cuisinier 1 – Fruitier 1 – Garde Forestier 1 – Tailleurs de pierre 2 – Débitants 2 – Charbonnier 1 – Comptables 2 – Terrassier 1 – Bûcheron 1

 

Guerre de 1914

         235 soldats ont été inhumés dans le cimetière civil de Ludes du 19 octobre 1915 au 19 juillet 1918, dont 13 russes et 3 allemands inconnus.

         Tous ces soldats sont morts dans le secteur de Ludes ou dans les antennes de secours que l'on appelait ambulance (N° 13/12, 13/22, 1/52, 1/89, 8/15 et 4/1)

 

12 septembre 1914

         M. l'abbé Camu s'est rendu avec M. Neveux de Reims à l'état-major allemand au Lion d'Or, pour intercéder en faveur des curés de Bouilly et de Ludes arrêtés la veille ; ils avaient été retenu comme otages avec la menace d'être pendus avec d'autres habitants, l'ennemi voulant assurer non seulement la sûreté de la garnison, mais la tranquillité de son départ s'il devait quitter Reims.

           M. l'abbé Delozanne, emmené comme otage par les allemands le 11 septembre 1914, est prisonnier à Traunsten (Bavière), il est remplacé dans sa paroisse par M. l'abbé Stévenot, émigré d'Amagne.

 

15 septembre 1914

          Guy François Marie Louis Emile PACHEU, né à Bruz (Ile et Vilaine), le vingt cinq avril mil huit cent quatre vingt dix, maréchal des logis au 50° régiment d'artillerie, est décédé en cette commune, lieudit La Cuche.

Les tranchées dans le secteur de Ludes : 

En rouge, les tranchées françaises

En bleu, les tranchées allemandes

19 septembre 1914

           Le 118° régiment d'infanterie cantonne à Ludes.

 

22 septembre 1914

           Passage du 63° régiment d'infanterie.

 

1er octobre 1914

          Paul RAVIGNY, né à Gespunsart (Ardennes) le dix sept avril mil huit cent quatre vingt deux, soldat au 61° régiment d'artillerie, 2° batterie, N° matricule 9697, est décédé à l'ambulance de la rue Astoin, des suites d'accident de voiture en service commandé.

 

2 octobre 1914 (Carnets de l’Abbé Peters)

 

     En revenant de Trois-Puits, nous avons vu une vingtaine d’obus tomber sur la ferme du Montfournois .

 

23 octobre 1914 (Carnets de l’Abbé Peters)

 

       L’Abbé Delozanne, curé de Ludes, a écrit à des personnes de sa paroisse qu’il est prisonnier en Bavière au camp de Grafenvöhr avec l’abbé Baron de Fléville et plusieurs prêtres meusiens.

 

6 novembre 1914 (Carnets de l’Abbé Peters)

 

         Demain je dois enterrer à Ludes une jeune fille qui a reçu un éclat d’obus à St Léonard.

 

11 novembre 1914 (Carnets de l’Abbé Peters)

 

       A Ludes, l’ambulance est au château. Il y a 3 prêtres du diocèse d’Angers parmi les infirmiers. Les émigrés occupent la maison Buneau où était jusqu’alors l’ambulance.

 

12 novembre 1914 (Carnets de l’Abbé Peters)

 

       J’ai baptisé à Ludes un enfant d’une pauvre femme émigrée. C’est un officier qui était le parrain. On ne sonne pas les cloches à Ludes, mais le canon se faisait entendre.

 

24 novembre 1914

          Eau bouillie. – Quelques cas de fièvre typhoïde étant signalés au 273e d’infanterie et à l’ambulance de Ludes, le médecin-chef de service recommande une fois encore de faire bouillir l’eau ; MM. les médecins devront passer journellement dans les cantonnements des compagnies pour s’assurer que cette prescription est rigoureusement observée et signaleront au lieutenant-colonel les compagnies qui ne s’y conformeraient pas ; il y a là une question d’intérêt vital pour tout le monde.

 

2 décembre 1914

        L'Eclaireur de l'Est signale les prisonniers de guerre au camp de Koenigsbruck (Saxe) dont Ernest Monmarthe, soldat au 5e d'artillerie.

 

 

3 décembre 1914 (Carnets de l’Abbé Peters)

            Des obus allemands sont tombés à 300m de Ludes sur la route du Craon.

 

1er janvier 1915

          Maurice Eugène Georges TRAULLÉ, né à Hesdigneul (Pas de Calais) le vingt trois septembre mil huit cent quatre vingt cinq, soldat au 1er régiment d'artillerie lourde, 21° colonne légère, est décédé au lieudit le Bas de Ludes.

 

24 janvier 1915 (Carnets de l’Abbé Peters)

 

            Pendant midi, j’au dû retourner à Ludes pour une maman tombée subitement malade. Elle avait perdu connaissance, elle est morte peu après. Elle laisse trois orphelins, son mari est dans les tranchées, leur ferme de Puisieulx est bombardée.

 

27 janvier 1915 (Carnets de l’Abbé Peters)

            J’ai enterré à Ludes la jeune femme de Puisieulx.

 

 

21 mars 1915 (Carnets de l’Abbé Peters)

            Aujourd’hui un boche a lancé 5 ou 6 bombes sur Ludes. Une seule a fait quelques dégâts en perçant la toiture d’une maison appartenant au maire Mr Canard.

 

27 mars 1915 (Carnets de l’Abbé Peters)

            J’ai un successeur à Ludes, c’est M. Stevenot, curé d’Aumagne.

 

12 avril 1915       

          273e régiment d'infanterie. Les 4e et 5e bataillons arrivent à Sapicourt tandis que le 6e bataillon est en ligne dans la tranchée de la Baraque. C’est un bataillon du 74e qui le relèvera…

Dès le 14, la CHR et l’état-major qui se trouvaient à Roucy se dirigent vers Courcelles-Sapicourt où est déjà arrivé le 6e bataillon et deux compagnies de mitrailleuses. L’ordre de se rendre à Ludes arrive.

Le 5e bataillon est passé en revue près de Rosnay par le général commandant la 5e armée.

Etaient également sur place, un bataillon du 208e et du 310e RI.

Puis il se met en marche de nuit et se dirige vers Gueux, Champfleury, Rilly, Chigny et arrive à Ludes avant d’être rejoint par les autres bataillons.

Après quelques jours de repos et d’instruction, c’est la division entière qui part remplacer la division du Maroc au bois des zouaves.

Les zouaves ont amélioré les tranchées que le 273e occupait en février 1915.

Le 24 avril, l’état-major est resté à Ludes, le 5e bataillon défend les tranchées se trouvant le long de la route de Beine avant que le 6e bataillon ne rejoigne Ludes.

Le 25 avril, il est décidé que le bataillon en 1ère ligne y restera 8 jours tandis que celui de 2e ligne sera 4 jours en demi repos à Sillery et 4 jours en repos à Ludes.

Le 26 avril, Sillery est bombardée.

Les jours suivants, les bataillons se relèvent sur les mêmes positions.

 

27 mai 1915

        45e régiment d'infanterie, 7e compagnie. Réveil à 5 heures dans un bois. Soupe à 9 heures. Départ à 11 heures pour embarquer en autobus à Muizon (Marne). On roule toute la journée. Arrivée à 14 heures à la Neuville, soupe dans un bois. Départ à 21 heures pour Ludes où nous couchons dans une école. Départ le lendemain à 7 heures pour Mailly-Champagne où nous prenons la garde.

 

15 juin 1915

     Enveloppe bleue , vide , datée au cachet poste du 15 juin 1915, arrivée à St Martin le 19 juin 1915.cachet de la poste. Carte postale : Correspondance des Armées de la République, non datée……..pas de cachet…. Envoi de Beuzelin E. soldat, 411ème d’infanterie, 9 ème compagnie, secteur postal n°99 P. Adressée à Monsieur François Beuzelin, cultivateur, à Saint Martin aux Bunaux. Seine inférieure :

     Chers Parents, Je vous écris ces deux mots pour vous dire que je suis toujours en bonne santé, aussi je suis changé de place. Je suis du côté de beauséjour, là on est de nos tranchées aux tranchées boches à 60 mètres et il ne fait pas bon montrer sa tête car il y en a tous les jours qui se font dégringoler. Je vous dirai aussi que je suis mal pris car je ne peux plus mettre mes souliers, j’ai les pieds en sang, j’ai été 4 jours sur repos à Ludes, un beau pays, et j’ai dépensé mes sous à acheter des espadrilles, et un peu de vin, car il ne coutait que onze sous. Je termine en vous embrassant tous. Votre Fils, E. Beuzelin.

 

19 juin 1915

          Cette carte postale de Ludes a été écrite le 19 juin 1915 par un soldat allemand.

Voici la traduction :

 

Cher Hermann,

C'est avec plaisir que j'ai reçu ta carte du 15 de ce mois et je t'en remercie. Je me réjouis de savoir que tu vas encore bien et je peux en dire autant pour moi. Dans les prochains jours je vais être remplacé ici, car l'armée de réserve est arrivée. Je t'en dirai plus plus tard. Tu m'a parlé des avions, et je peux te dire aussi qu'hier matin on a reçu deux bombes à Loivre. Une est tombée sur un train, qui était stationné dans la gare avec des soldats d'artillerie et 8 ont été tués et 7 blessés et on dit que 4 sont peut être décédés.

Je te quitte ici avec mes meilleurs amitiés et à bientôt. Ton ami Ewald.

 

 

19 octobre 1915 

          Jean NIGOU, né le 10 février 1873 à Leynhac (Cantal), et René CATALAN, né le 12 novembre 1871 à Cumont (Tarn et Garonne), soldats au 300° régiment d'infanterie territoriale, sont décédés des suites de blessures de guerre à l'ambulance 1/52 de Ludes.

          Pierre LOUBIGNAC, né le 21 mai 1874 à La Villedieu (Dordogne), soldat de 2° classe au 291° régiment d'infanterie territoriale, décédé à Ludes.

          Jules JEANJON, né le 3 février 1873 à Bussière-Dunoise (Creuse), sergent au 291° régiment d'infanterie territorial, décédé à l'ambulance 1/52 de Ludes par asphyxie par les gaz.

          Vincent VELLY, né le 24 juillet 1873 à Cléder (Finistère), soldat de 2e classe au 211e régiment territorial d'infanterie, décédé à l'ambulance 1/52 de Ludes par intoxication par les gaz. Nécropole nationale de Sillery (51) tombe 5071.

Félix Fernand GREFFE, caporal au 291° territorial d’infanterie, né le 13 juillet 1889 à Saucourt (80), décédé de blessures de guerre à l’ambulance 1/52 de Ludes

Noël Etienne CRAPEZ, 2° canonnier au 30° rég. d’artillerie, né le 17 décembre 1883 à Hecq (59), tué à l’ennemi à Ludes.

         Albert Henri MALOT, né le 14/11/1884 à Concevreux 02, sergent au 245° régiment d'infanterie, est décédé à Ludes à l'ambulance 1/52 par intoxication au gaz au combat de la Pompelle.

Henri Emmanuel Maurice ALLEGRE, né le 23/03/1873 à Caromb 84, soldat au 118e RIT (Infanterie), est décédé à Ludes à l’ambulance 1/52 des suites de blessures de guerre. Inhumé au cimetière militaire de Sillery 51, tombe 5102

 

Octobre 1915

          Le château de Ludes, dit "Château Abelé", qui avait déjà été utilisé comme poste de secours, a été transformé en ambulance, en octobre 1915, par l'ambulance 1/52, et il a depuis, conservé son affectation avec les ambulances 8/15, 3/56, 4/60 qui s'y sont succédé.

          Cet immeuble comprend de grandes pièces pouvant recevoir 120 lits. Les services généraux : salles de réception, salles d'opérations avec préparatoire, pharmacie, cuisine, magasin, vestibule, y sont également installés.

          Une annexe de 63 lits, dépendant de cette ambulance, occupe une maison voisine.

          Cette formation dispose, au total, de 183 lits. Elle est utilisée surtout comme ambulance de triage ou comme ambulance de traitement de petits malades ou de petits blessés.

 

 

 

20 octobre 1915

          Pierre BOYER, né le 15 mars 1870 à Saint Georges (Cantal), sergent au 300° régiment d'infanterie territoriale, est décédé des suites de blessures de guerre à l'ambulance 1/52 de Ludes.

          Joseph Louis Pascal CRAPPIER, né le 27/04/1877 à Caix (80), 2e classe au 291è régiment d'infanterie, tué à l'ennemi à Ludes.

          Marie Isidor CROUZET, né le 08 septembre 1871 à La Tieule (Lozère), André Martin AVANTURIER, né le 27 octobre 1872 à St Etienne (Loire), soldats au 300° régiment d'infanterie territoriale, sont décédés des suites de blessures de guerre à l'ambulance 1/12 de Ludes.

          Gaston LAPETOUILLE, né le 12 juillet 1887 à Mery sur Oise (95), soldat au 245° régiment d'infanterie, décédé à l'ambulance 1/52 de Ludes des suites d'intoxication par les gaz.

 

21 octobre 1915

         Raymond Constant VIOT : né le 20 février 1884 à Doullens (80), caporal au 245è R.I., tué à l'ennemi suite à l'intoxication par gaz le 21 octobre 1915 à Ludes.

         Emile SAUVAGE : né le 6 mai 1878 à Caderousse (Vaucluse), adjudant au 118° régiment territorial, décède à l'ambulance 1/52 de Ludes suite à l'intoxication par les gaz.

        Pierre Léon CAT, né le 6 juin 1875 à Carpentras (Vaucluse), caporal au 118° régiment d'infanterie territoriale, décède à l'ambulance 1/52 de Ludes.

          Joannés Pétrus COSTE, né le 18 mai 1879 à St Bonnet le Courreau (Loire), soldat de 2e classe au 291e régiment d'infanterie territoriale, décédé à l'ambulance 1/52 de Ludes, suite de blessures de guerre. 

         Alfred DUGAT, né le 26 octobre 1869 à La Métairie, commune de Charensat. Sous-Lieutenant au 301e RIT, 11e Cie, décédé des suites d'intoxication par les gaz à l'ambulance 1/52 de Ludes.

          Oscar Victoria Théophile RABACHE, né le 21 août 1885 à Castel (80), soldat au 245e régiment d’infanterie, décédé à Ludes des suites de blessures de guerre.

 

22 octobre 1915

     88e régiment d'infanterie. Hier soir à minuit, nouvelle alerte. Les boches ayant relancés des gaz asphyxiants, deux de nos bataillons sont partis en ligne et nous, nous voici en alerte à Ludes.

Ici nous pouvons nous rendre compte du mal causé par le gaz sur nos pauvres territoriaux. 86 tombes au cimetière parlent éloquemment du mal qui nous a été fait, et les malades à l'agonie en ambulance montrent que le chiffre va encore s'élever.

 

8 novembre 1915

     291e régiment d'infanterie. Le 291e quitte Reims à la nuit. Point initial : Place Dieu- Lumière à 17 h. 30. Il se rend à Ludes en passant par Cormontreuil et le hameau de Varsovie. Arrivée à Ludes à 20 h.30. 9 et 10 novembre Séjour à Ludes. Travaux de propreté. Repos.

11 novembre. Reconnaissance du secteur de Puisieulx-La Pompelle dans la matinée. Le régiment quitte Ludes à 17 heures ; il relève deux bataillons du 55e R.I. Tout est terminé à 21 heures, sans incidents. Au cours du mois de novembre, aucun incident
marquant à relater. Patrouilles de sécurité, bombardements.
30 novembre. Journée calme. A 20 heures, le régiment, relevé par le 348e, va
cantonner à Ludes où il sera en réserve de corps d'armée. Arrivée au village à 23 heures.
Du 1er au 15 décembre. Le régiment cantonne à Ludes. Repos, exercices, travaux à un boyau entre la Montagne de Reims et la Vesle.
16 décembre. Le 291e relève le 348e dans le secteur de La Pompelle. Il est inspecté, l'après-midi, par le général Franchet d'Espérey, commandant la Ve armée.
Départ de Ludes à 20 heures ; relève terminée sans incidents entre 22 et 23 heures.

 

24 novembre 1915

          Louis LEGRAND, né le 16 mars 1879 à Paris, soldat de 2° classe au 291° régiment d'infanterie, thorax enfoncé suite à l'éboulement d'un abri de tranchée qui s'est effondré sous l'impact d'un obus de gros calibre, décède à l'ambulance 1/52 du 38° corps d'armée à Ludes.

 

11 décembre 1915 – Journal « L’Auvergnat de Paris »

 

Nous avons le regret d’apprendre la mort de notre compatriote, Pierre BOYER, sergent mitrailleur, tombé glorieusement au combat de Sillery le 20 octobre 1915, dans sa 46° année. L’inhumation provisoire du vaillant sergent a lieu au cimetière de Ludes. Le regretté défunt était originaire du village Saint-Michel, commune de Saint-Georges près Saint-Flour.

 

10 mars 1916

        L'Eclaireur de l'Est signale la libération des prêtres emmenés en captivité : M. l'abbé Baron, curé de Fléville ; M. l'abbé Marchand, curé de Louvercy ; M. l'abbé Christin, curé du Chesnois ; M. l'abbé Delozanne, curé de Ludes.

 

6 avril 1916

     58e régiment d'infanterie. Le 6 avril au soir, on quitte Champfleury pour aller à Ludes. La marche est pénible, à cause du terrain qui glisse. Le 7 avril, au soir, on va relever le 240iéme au secteur de Sillery, pour y aller, on passe par Puisieulx, Sillery, le petit Sillery. Ma compagnie va en réserve à l’ouvrage 9, à droite du Fort de la Pompelle et à côté de la route qui passe à la ferme d’Alger. Le secteur ne semble pas trop mauvais, mais le 10 avril, , messieurs les boches bombardent le Fort de la Pompelle, avec violence, avec des torpilles et des obus de gros calibres sans que notre artillerie riposte à l’artillerie ennemi. L’artillerie qui est derrière nous, ce sont des gars du nord qui laissent écraser les fantassins qui sont des gars du midi. Il a fallu que le général de brigade supplie les artilleurs de tirer mais l’artillerie ennemie avait fait son travail. " Voilà l’amour que l’on a entre Français ".


Le 15 avril, on est relevé, on va au repos à Ludes. On nous vaccine contre la fièvre "antiparatyphoïdique". Cette fois, on a le filon d’être piqué, car on serait obligé d’aller chaque jour faire des tranchées.
Le 21 avril, on va relever au bois des Zouaves. Pendant la relève, il a plu tout le temps. Les tranchées sont mauvaises : pas d’abris potables car on est obligé de se mettre une claie en bois pour ne pas coucher dans l’eau. Chaque jour, nous tirons des torpilles et les boches répondent par des obus.
Le 27 avril, on est relevé par la première ligne, on va en réserve. Messieurs les boches nous bombardent avec des miniers.
Le 29 avril, on est relevé par le 61 éme. On va en réserve au petit Sillery, aux abris qui longent le canal de la Marne. Chaque soir, on fait des tranchées aux abords du village de Sillery.

Le 5 mai au soir, après avoir bombardé les tranchées ennemies, le 2 éme bataillon fait une reconnaissance dans une tranchée ennemie en faisant un prisonnier et en a tué plusieurs. Nous de ce temps-là, on est en alerte en cas que les boches fassent une contre-attaque.
Le 6 mai, nous allons relever en première ligne à gauche, le 2 éme bataillon qui avait enlevé le petit poste boche. Là, nous avons eu deux blessé dans la compagnie.

Le 14 mai, on est relevé, on va en réserve à la cuvette de la station de Sillery, à 20 mètres de la voie ferrée.
Le 20 mai à 8 heures du soir on assiste à un combat d’avion. L’avion français en étant plus haut, mitraille l’avion boche et l’oblige à abandonner le combat et il le force à atterrir dans un bois, derrière ses lignes.
Le 22 mai, le bataillon est relevé des tranchées et va au repos à Ludes, mais ma compagnie reste en réserve du régiment à Bellevue, où les abris touchent le canal. Il vaut mieux être là qu’au repos, on ne travaille pas trop et l’on peut bien se ravitailler.
Le 28 mai au soir, on va relever en première ligne à gauche de l’ouvrage 9. Je suis à la même tranchée où fut blessé Pujol l’année dernière au mois d’août. Le secteur est assez calme. Mais il faut faire attention quand on est dans la tranchée car, à cet endroit, les boches envoient de temps en temps des rafales d’obus de 88.

Le 3 juin, nous allons en réserve à l’ouvrage 9 où l’on est logé dans un magnifique abri à 10 mètres sous terre. Au bout de deux jours, on nous apprend que l’on est relevé du secteur. Le 6 juin au soir, on est relevé par le 174 éme qui vient de Verdun. Pendant le cours de la relève, on passe à Sillery, Puisieulx et l’on va cantonner à Ludes pour se reposer un peu car ma compagnie avait fait 46 jours de tranchées , sans aller au repos.
Le 7 juin au soir, on quitte Ludes à 8 heures, on passe à Chigny les Roses, à Rilly la montagne, à Villers-Allerand, à Monchenot, à Sermiers, à Marfaux et l’on va cantonner pour une nuit à Chaumuzy.

 

20 mai 1916

         Extrait de Souvenirs de guerre d'Eugène BAUDOIN

 

En 1916, année où j’ai été blessé, un avion boche survolait journellement, à basse altitude, tranchées et boyaux, nous l’avions surnommé : « Fantomas ».

 

Avec le soldat FÉRAMUS, originaire du Nord, PONÉTA de Ludes (Marne), nous dirigions une équipe de fantassins de notre classe (1916) dans la construction de « nids de mitrailleuses » qui contenaient 3 hommes maximum, ligne de soutien en cas d’attaque de la 1ère ligne.

 

L’abri de notre section était à quelques 500 mètres de là. Chaque jour, vers 10 heures, on s’y rendait pour manger.

 

Deux itinéraires, un boyau sinueux qui allongeait le parcours ou une route camouflée et plus courte, que nous prenions le plus souvent. Nous pensions être hors de vue des observateurs boches.

 

Le 20 mai 1916, nous marchions côte à côte sans souci, lorsque, une ordonnance avec 2 chevaux qui attendait un officier, nous a interpellés. J’étais à la droite de mes deux copains, le hasard a voulu que je passe à gauche, à ce moment précis, pour lui répondre, car, après quelques secondes nous avons entendu un sifflement.

          PONÉTA a crié : « attention… c’est pour nous ! ».

 

Nous nous couchons, l’obus éclate, j’ai senti un choc, une brûlure derrière la hanche gauche, mes deux copains étaient immobiles, l’un la tête traversée, l’autre des éclats dans la poitrine, j’ai appris, plus tard, ces détails au poste de secours.

Me traînant dans le boyau proche, j’y trouvais des territoriaux et je leur ai dit qu’il y avait deux copains restés sur la route... Le bombardement continuant, personne n’est allé les chercher.

 

Ma jambe commençait à s’ankyloser, je me suis traîné jusqu’à l’abri où nous devions manger. J’ai expliqué à des brancardiers que mes deux copains étaient restés, ils sont allés les chercher. Je ne pouvais plus marcher, on m’a transporté au poste de secours, c’était un abri enterré.

 

Le bombardement continuait, le tir s’allongeant, qu’avaient donc vu les boches ?

 

Quelques artilleurs français sont venus me voir, ils ont regardé ma plaque d’identité : « Reims, 1163 classe 1916 ». Je n’avais pas encore 20 ans, certains avaient les larmes aux yeux, d’autres me donnaient de la ’’gnole’’ : « T’en fais pas gamin, on va leur en foutre plein la gueule à ces salauds ! »

 

Enfin ! On me transporte dans le centre de secours, couché sur le ventre, je ne pouvais plus bouger. Le Major, aidé des brancardiers, examine ma blessure, il en extrait un éclat de 6 cm et dit : « Veinard, c’est la bonne blessure, ce sera 20 jours de convalescence. Ce n’est pas comme tes copains. »

On embarque les blessés, dont moi-même, dans une Ford sanitaire dans laquelle nous étions secoués comme des pruniers.

PONÉTA, sans connaissance depuis le début, ne bougeait pas…

 

Nous arrivons enfin à Cuperly, l’hôpital de campagne fait de toiles de tente. Je suis séparé de mes compagnons, on me fait une piqûre antitétanique, je passe la nuit sur un lit de camp à côté d’un inconnu qui a eu une mort atroce, malgré les ballons d’oxygène, ses poumons étaient brûlés par les gaz.

 

Le lendemain matin, j’ai demandé des nouvelles de mes copains, réponse de l’infirmier: « Ils sont morts »

FERAMUS Julien Théodore Marcel, 20 ans, sapeur-mineur, 101e compagnie du 9e régiment de génie, mort pour la France le 20 mai 1916 à Cuperly. Il était né à Sallaumines (62) le 1e juin 1896.

PONETA Lucien Eugène, 20 ans, sapeur-mineur, 101e compagnie du 9e régiment de génie, mort pour la France le 20 mai 1916 à Cuperly. Il était né à Verzy (Marne) le 22 avril 1896.

 

2 octobre 1916

        L'Eclaireur de l'Est indique que la médaille militaire a été conférée à Louis Nicolas HAGEN, soldat à la 23e compagnie du 354e d'infanterie : "Très bon soldat et d'une bravoure à toute épreuve ; blessé grièvement le 23 mai 1916 dans l'accomplissement de ses devoirs". La présente nomination comporte l'attribution de la Croix de guerre avec palme. Le jeune décoré est natif du Craon de Ludes et y habite avec toute sa famille.

 

 

25 novembre 1916

           Arrivée dans le secteur de Ludes de la première brigade spéciale Russe. Elle tiendra le secteur de Ludes jusqu'au 20 février 1917.

 

14 décembre 1916

         Désiré Auguste LESTIENNE, soldat au 291° régiment d'infanterie territoriale, né le 31 janvier 1873 à Monseron (Belgique), s'est suicidé par pendaison à Ludes.

 

21 décembre 1916

          Jean Antoine MARQUET, né le 23 mars 1875 à Maurs (Cantal), soldat au 300° régiment d'infanterie, est décédé à l'ambulance russe de Ludes des suites de blessures de guerre.

 

28 décembre 1916

Visite du général russe Lovitsky à Ludes. Le général Lovitsky commande les deux brigades russes qui sont venue combattre sur le front français.

 

1917 René DUBUC

René Dubuc (1891-1974) fait ses études de médecine et rejoint le service de santé des armées. Il se porte volontaire pour aller combattre aux côtés des Russes et il intègre l’ambulance chirurgicale automobile Russe N°2 qui sera affectée à Ludes.

René DUBUC, outre ses qualités de médecin, possédait un réel talent pour le dessin et la caricature ; avec beaucoup d'humour et de sympathie, il réalisa une série d'une quarantaine de portraits caricaturaux de ses frères d'armes russes, du général au plus modeste soldat. Chacun de ses dessins était assorti d'un commentaire écrit, abrupt et réaliste, mais toujours truculent.

 

 

       Spectateur et acteur privilégié au sein du corps expéditionnaire russe en Champagne, Dubuc nous offre des précieux témoignages du quotidien de la première brigade au moyen de ses caricatures qui furent exécutées sur le vif en 1917 lorsque l'ambulance n°2 était installée à Ludes.

 

 

 

 

 

 

Légende en bas de feuille :

Le Balalaïkiste qui venait jouer pour les blessés Russes (Ludes-le-coquet 1917)

 

 

 

 

 

Au dos du dessin :

Coup de cravache en pleine gueule d’un Rouski par son officier. Ludes-le-Coquet 1917


 

13 février 1917

       2e Régiment de Marche de Tirailleurs : un matin nous partons, franchissant les plaines glacées de l'Aube, traversant Viapres et Etrelles, en bordure de la Seine ; puis, remontant au Nord, voici Saint-Gond et ses marais fameux ; par Pleurs, Loizy-en-Brie, nous gagnons Épernay, la Montagne féconde ; et par l'immense forêt qui couronne son massif, nous avançons encore. Aux dernières lisières mourant sur les pentes Nord, un soleil printanier vient éclairer la plaine qui s'étend à nos pieds, découvrant Reims, les lointaines collines où se retranche l'Ennemi ; éclairant les jolis villages étalés à nos regards parmi les vignes généreuses : Rilly-la-Montagne, Chigny-les-Roses, Ludes enfin où nous trouvons un gite.

     Et tandis que s'allument les feux, que les armes s'astiquent, un chant lointain, suave et triste, vient frapper nos oreilles : un hymne modulé par une troupe qui rentre, venant du Nord, et dont, lentement, le pas pesant précise la cadence. Le chant grandit, se rapproche; et devant nous s'arrêtent de grands hommes blonds, robustes et fiers : les Russes.

     Ils défendaient le Fort de La Pompelle, et maintenant vont nous céder la place. Bientôt, en effet, nous nous mettons en route : par Puisieulx nous gagnons Sillery ; et, dans la nuit du 15 Février, les lignes sont atteintes, les consignes passées.

 

17 février 1917 

Les troupes de la 89e division vont occuper le secteur de Ludes. La gendarmerie, installée à Ludes, détache un poste à Verzy. Les cantonnements sont fréquemment bombardés : deux gendarmes sont légèrement atteints par des éclats d’obus à Ludes, les 26 et 29 avril ; l’un deux est atteint de nouveau à l’omoplate, le 4 mai. Ces deux militaires sont cités à l’ordre du Quartier Général (régiment).

Gendarme RAYMOND, Auguste (Juillac, Corrèze)

Gendarme FAUCHER Jean (Bort, Corrèze)

 

25 février 1917

          L'ambulance 1/89 rejoint Ludes où elle prend la succession de l'ambulance Russe.

 

9 mars 1917

          Émile Auguste CHAUVET, soldat au 47° Régiment d'Infanterie Territoriale, né à Chigny les Roses le 6 mars 1871, est décédé à Ludes à l'ambulance 1/89 des suites de maladie contractée en service.

 

18 mars 1917

Désiré ALHANT, 2° classe au 2° souaves, né le 27 mai 1894 à Bavay (59), tué à l’ennemi, secteur de Ludes.

 

Avril 1917

          Le 33e régiment d’artillerie de campagne est rapproché du futur théâtre d’opération et prend position dans le secteur de Ludes, au pied de la montagne de Reims.

 

4 avril 1917

          Le 41° régiment d'infanterie part vers Reims. Il s'agit de préparer l'offensive de Champagne d'avril et de construire des voies ferrées pour l'artillerie lourde. Le régiment fait connaissance avec la montagne de Reims et les villages de Ludes, Ville-en-Selve, Craon de Ludes.

 

10 avril 1917

          Simon ANTIPOFF, né en Russie en 1896, sergent major au 5° régiment Russe, 2° compagnie de mitrailleurs, est décédé à l'ambulance 1/89 de Ludes.

          Jean REIX, 2° classe au 90° territorial d'infanterie, décédé à l'ambulance 1/89.

 

11 avril 1917

       Justin LEBEAU, maréchal des logis au 3° régiment d'artillerie à pied, 77° batterie, décédé à l'ambulance 1/89 de Ludes.

        Henri ANDREONE, maître pointeur au 3° régiment d'artillerie, 77° batterie, né le 18 mars 1891 à Bougie (Algérie), décède à l'ambulance 1/89 de Ludes suite de blessures de guerre.

      Baptiste CROISARD, 2° classe au 90° territorial d'infanterie, décédé à l'ambulance 1/89 de Ludes.

 

12 avril 1917

          Jean Jacques MAUGET, sous-lieutenant au 93° territorial d'infanterie, décédé à l'ambulance 1/89 de Ludes, suite de blessures de guerre.

 

14 avril 1917

      Dans l'après-midi, bombardement de Ludes et de Rilly la Montagne. L'officier gestionnaire est appelé pour relever 4 tués.

          Jean BRUNET, 2° classe au 89° territorial d'infanterie, décédé à l'ambulance 1/89 de Ludes.

 

15 avril 1917

          Le matin vers 8h, quelques obus tombent sur le village.

Auguste BOURRY, 2° classe au 272° d'artillerie, 46° batterie, décédé à l'ambulance 1/89 des suites de blessures de guerre.

 

16 avril 1917

          Dans la nuit, nouveau bombardement.

 

17 avril 1917

       Jean DESCOMBES, 2° classe au 93° territorial d'infanterie, 11° compagnie, décède à l'ambulance 1/89 de Ludes.

       Louis COUCAUD, 2° classe au 94° régiment d'infanterie, décède à l'ambulance 1/89 de Ludes, suite de blessures de guerre.

 

18 avril 1917

          Un obus tombe dans le parc de l'ambulance, démolissant un mur.

         Jean LAGUZET, 2° classe au 90° territorial d'infanterie, décédé à l'ambulance 1/89 de Ludes.

 

19 avril 1917

           Anatole Ferdinand COUPEAU, sergent au 94° territorial d'infanterie, décède à l'ambulance 1/89 de Ludes, suite de blessures de guerre.

 

20 avril 1917

          Jean-Baptiste DELAGE, 2° classe au 89° territorial d'infanterie, 7° compagnie, décède à 5 heures du matin à l'ambulance 1/89 de Ludes, suite de blessures de guerre.

 

29 avril 1917

          Simon LAURENT, né le 20 mai 1876 à Arrênes (Creuse), caporal fourrier au 90° régiment d'infanterie, décédé à l'ambulance 1/89 de Ludes, suite de blessures de guerre.

 

1 mai 1917

         Jean ROCHER, né le 20 septembre 1879 à Brigueuil en Charente, 2e classe au 90° Rég. d’Infanterie Territoriale, est décédé à l’ambulance 1/89 de Ludes des suites de ses blessures.

 

1 mai 1917

          Des éléments du 2e corps de cavalerie sont désignés pour relever la 89e division d'infanterie dans le secteur de Ludes, Deux bataillons du 12e Cuirassiers vont occuper le 3 mai les tranchées de la Pompelle et de la ferme d'Alger pendant que le troisième reste en réserve à Ludes. Le régiment va tenir ce secteur jusqu'au 13 janvier 1918.

 

3 mai 1917

         Le 8e régiment de dragons reprend le service aux tranchées dans le secteur de Ludes. Les tranchées ainsi que les villages environnants sont violemment bombardés, quelquefois par obus toxiques.

 

          Le soir vers 21 h., bombardement du haut du village démolissant la voûte du choeur de l'église.

 

4 mai 1917

          A midi, 10 obus sur Ludes, un dans la cour de l'ambulance à 10m de la salle d'opération, un dans le parc du château. Cinq hommes du 18e chasseurs à cheval sont tués, 2 mortellement blessés.

        Le cavalier André CHAULET a été tué à Ludes par un obus. Chasseur d'une grande bravoure, ayant fait preuve, durant toute la campagne, du plus beau dévouement. (J.O. de la République)Cavaliers du 18e régiment de chasseurs, 4e escadron : sont morts à Ludes

Deslandes,

Hiron Léon Jules, né le 26 mai 1890 à Paris, 2e classe au 18e régiment de chasseurs, décédé à l’ambulance 1/89 de Ludes des suites de blessures.

Vancombrughe,

Hureau,

Chailly Paul, né le 10 février 1899 à Pantin, Seine, 2e classe du 18e régiment de chasseurs à cheval, décédé à l’ambulance 1/89 de Ludes des suites de blessures.

Le Faucheur Marcel Joseph, né le 30 juillet 1898 à Yerres (91), 2e classe au 18e régiment de chasseurs à cheval, décédé à l’ambulance 1/89 de Ludes des suites de blessures.

 

8 mai 1917

          Louis Irénée Bernard HEUX, 2° classe au 12° régiment de cuirassiers, né le 20 août 1891, est décédé à l'ambulance 1/89 de Ludes des suites de blessures de guerre.

 

5 mai au 31 décembre 1917

     12e régiment de cuirassiers. Ce régiment est en alternance en combat à La Pompelle et en repos à Ludes.

 

10 mai 1917

          Soldat Albert Georges JOUSSELIN du 12° cuirassiers, est décédé de blessures à l'ambulance 1/89 de Ludes.

 

16 mai 1917

        6e régiment de cuirassiers. Le régiment va prendre le service aux tranchées au sud-est de Reims dans le secteur de Ludes, à Sillery, du 16 au 28 mai 1917. Le secteur est très mal entretenu, les tranchées sont éboulées et l'artillerie ennemie très active. Un homme est tué et un autre blessé. A partir du 28 mai, le régiment occupe les tranchées de Cernay, un peu plus au nord, à l'est de Reims. Il a 2 tués et 5 blessés. Le régiment revient le 5 juillet dans le secteur de Ludes, aux tranchées de Prunay, à l'est de Sillery. Il y subit le 30 une attaque qu'il repousse. Il a 7 tués et 11 blessés. 

 

1916 - 1917

         René DUBUC, fut affecté, fin 1916, à l'ambulance chirurgicale automobile russe n°2 de la première brigade spéciale russe en qualité de Médecin aide-major de 2° classe.

         René DUBUC, outre ses qualités de médecin, possédait un réel talent pour le dessin et la caricature ; avec beaucoup d'humour et de sympathie, il réalisa une série d'une quarantaine de portraits caricaturaux de ses frères d'armes russes, du général au plus modeste soldat. Chacun de ses dessins était assorti d'un commentaire écrit, abrupt et réaliste, mais toujours truculent.

         Spectateur et acteur privilégié au sein du corps expéditionnaire russe en Champagne, Dubuc nous offre des précieux témoignages du quotidien de la première brigade au moyen de ses caricatures qui furent exécutées sur le vif en 1917 lorsque l'ambulance n°2 était installée à Ludes.

 

7 juin 1917

          Le 1er régiment de chasseur à cheval cantonne à Ludes avant de rejoindre les tranchées de Sillery

 

10 juin 1917

Jean René CHEVALLIER, 2° classe au 5° régiment de cuirassiers, né le 19 décembre 1888 à Chaze sur Argos (49), est mort pour la France le 10 juin 1917, secteur de Ludes, suite de blessures.

 

14 juin 1917

          L'ambulance 1/89 reçoit l'ordre de se déployer comme ambulance chirurgical à Chigny les Roses (permutation avec l'ambulance 4/1) Les infirmières de l'A.D.F (Association des Dames Françaises) sont maintenues à Ludes et passent à l'ambulance 4/1. L'ambulance 4/1 fait fonction de triage dans un bâtiment séparé, et une fonction d'hospitalisation au Château de Ludes.

          Du 15 au 20 juin, l'ambulance accueil 55 passagers, 15 blessés graves et 22 malades, décès 0.

 

18 juin 1917

          Mademoiselle Denise CHARVE, infirmière de l'A.D.F. de l'ambulance 4/1, atteinte de brûlure au 1er, 2e et 3e degré du cou, de la face, de la nuque, du bras, de l'avant bras et de la main gauche, entre en traitement à l'ambulance 1/89.

 

23 juin 1917

          Jean Louis Victor NOBLEAUX, né le 23 août 1890, soldat de 2° classe au 19° bataillon de chasseurs, est décédé à l'ambulance 4/1 de Ludes des suites de blessures de guerre. Nécropole nationale de Sillery (51) tombe 5703.

 

28 juin 1917

          L'ambulance 4/1 reçoit 7 intoxiqués par gaz asphyxiants. Un homme meurt dès son arrivée, Félix Gillet.     

         Félix GILLET : né le 1er Février 1895 à Saint Priest des Champs (63), soldat de 2e Classe au 12e Régiment de Cuirassiers à pied (Rambouillet), décédé le 28 Juin 1917, intoxication par les gaz (22 ans) à l’ambulance 4/1 de Ludes.

         Louis Eugène TRICOCHE : né le 8 octobre 1893 à Paris 17°, soldat de 2e classe au 13° régiment de Dragons, décédé le 28 juin 1917 à l'ambulance 4/1 de Ludes.

         Du 21 au 30 juin, l'ambulance accueil 106 passagers, 10 blessés de guerre, 3 décès, 23 malades.

 

Juillet 1917

 

Ferme de Mont-Fournois

  1. Les rendements : Blé 8 quintaux/ha
  2. Escourgeon 8 qx
  3. Seigle 8 qx
  4. Avoine 12 qx
  5. Foin 10 qx

5 juillet 1917 

          Gaston Jules Emile VENET, trompette de 2° classe au 13° régiment de dragons, est décédé de blessures de guerre dans le secteur de Ludes.

 

8 juillet 1917

          Un assez grand nombre de blessés arrivent à l'ambulance. 44 sont passés de 5 heures à 8 heures du matin. Ils sont en majeure partie évacués sur l'ambulance de Louvois et l'hôpital d'évacuation d'Epernay. 4 sont envoyés sur l'ambulance de Chigny les Roses.

 

12 juillet 1917

         George Frederick NORTON : Né le 28 octobre 1876, à Elk Grove, au Kentucky. Croix de Guerre avec citation du Corps d'Armée. Tué à Ludes près du chalet, dans le parc du château par une bombe d'avion le 12 juillet 1917, à peine une quinzaine de jours après avoir atteint sa section. Il a été enterré la nuit parce que le village était en vue des Allemands. Enterré à Ludes, puis transféré à New Dorp, Staten Island, New York.

Le site américain sur la guerre à Ludes

http://net.lib.byu.edu/estu/wwi/memoir/Stevenson/poilu3.html

 

Juillet 1917

         Ferme de Mont-Fournois

         Les rendements :   Blé               8 quintaux/ha

                                      Escourgeon  8 qx

                                      Seigle           8 qx

                                      Avoine         12 qx

                                      Foin             10 qx

 

14 juillet 1917 – Journal « Le Figaro »

On annonce la mort à Ludes, dans sa 23° année, du cavalier GUILBERT. La citation qui lui fut décernée, dit : « Excellent soldat, très brave, tué en accomplissant, sous un bombardement très violent, son devoir d’agent de liaison ».

 

18 juillet 1917

         Le médecin major de 2e classe RAYNAUD, de l'ambulance 1/62 de Prouilly est affecté à l'ambulance 4/1 (médecin chef) en remplacement du médecin major de 1e classe Caënens.

 

31 juillet 1917

          Aménagement des locaux du château Abelé, travaux de propreté dans le cantonnement des hommes, blanchiment des salles des 1er et 2e étage. Installation dans le parc d'une grande croix rouge.

 

7 août 1917

          A 16h., l'Etat Major et le 4° bataillon du 256° régiment d'infanterie font étape et vont cantonner à Ludes. Le lendemain, le 5° et le 6° bataillon les rejoignent. Le 9 août, le 4° bataillon relève en 1° ligne un bataillon du 12° cuirassiers. Il est remplacé en 2° ligne par le 5° bataillon. Le 6° bataillon reste en réserve à Ludes. Le 16 août, le 6° bataillon relève en 2° ligne le 4° qui le remplace à Ludes. Le 20 août, à 4h., le 4° bataillon quitte Ludes et se porte à Montchenot où il cantonne.

 

8 août 1917

Le 11e régiment de hussards était de retour dans la région champenoise et reprenait, dès le 8 août, le service aux tranchées dans le secteur de Ludes. Il devait le garder jusqu’au 3 octobre.

 

31 août 1917

         Maurice de RIVERIEULX de VARAX : né le 3 novembre 1898, aspirant au 26è dragons, décédé le 31 août 1917 dans les tranchées de Ludes (intoxication par les gaz) à l'âge de 18 ans. Croix de guerre 14-18.

          Georges GOUDOT, né le 8 septembre 1893 à Salbris (Loir et Cher), brigadier au 28° régiment de dragons, décédé dans les tranchées de Ludes (intoxication par les gaz)

          Henri SUARD, né le 6 septembre 1891 à Beaulieu sur Loire (Loiret), brigadier au 28° régiment de dragons, décédé dans les tranchées de Ludes (intoxication par les gaz)

          Ernest MOUROT, né le 21 avril 1891 à Santosse (Côte d'Or), cavalier de 2° classe au 28° régiment de dragons, décédé dans les tranchées de Ludes (intoxication par les gaz)

          Pierre OUDOT, né le 10 juillet 1893 à Rivières le Bois (Hte Marne), cavalier de 2° classe au 28° régiment de dragons, décédé à l'ambulance 4/1 de Ludes (intoxication par les gaz)

 

Novembre 1917

          Le capitaine De BELMONT est logé à l'école communale, rue Victor Hugo, le lieutenant TURREL est logé au 27 rue Victor Hugo. Un aumônier protestant est logé chez Mr Gougelet, rue de Romont.

 

5 janvier 1918  Pierre ADELINE (1885-1973)

          Lieutenant au 30ème Dragons (2ème Corps de Cavalerie, 4ème Division, 4ème Brigade)
Officier de la Légion d’Honneur avec mention « au péril de sa vie » Croix de Guerre 14 -18,
Médaille des blessés,  
Médaille interalliée,
Croix du Combattant.
 
Ecoutons ce que dit de lui son petit-fils Yves-Marie Adeline dans '"Histoire des Adeline", recueil non publié destiné à ses descendants:  
 
Pierre Adeline était alors, à vingt-neuf ans, un jeune père de deux petites filles, et jusqu’à présent la vie n’avait fait que lui sourire. N’étant pas militaire de carrière comme son beau-frère, il fut appelé sous les drapeaux dès le 2 août comme maréchal des logis au 25e Régiment de Dragons ; mais l’effarante mortalité des officiers qui se faisaient faucher à la tête de leurs hommes rendit nécessaire la formation rapide de nouveaux officiers. Promu adjudant le 1er avril 1915, il passa comme sous-lieutenant au 30e Dragons le 15 du même mois. Il fit son devoir, comme tant de ses camarades de cette époque, dans une guerre épouvantable où il accepta tous les sacrifices pour défendre son pays, laissant de côté, ou méconnaissant peut-être, les incidences idéologiques du combat qu’on leur faisait mener, qui, au-delà du désir de reconquérir l’Alsace-Lorraine, correspondait si peu à leur idéal. Il était par ailleurs profondément respectueux de l’ordre, de la discipline, et généralement des traditions, notamment d’institutions comme l’armée et tout ce qui pouvait représenter les valeurs civiques les plus élevées. Catholique pieux, royaliste de cœur, il ne pensait pas combattre sous les couleurs de la République : pour lui comme pour tous ceux de son milieu, le drapeau tricolore et la Marseillaise, c’était la France. Il ne venait à l’idée de personne parmi eux de revenir sur la forme que l’on donnait à leur engagement.
 
Il se battit donc, fut décoré de la Croix de Guerre, et c’est comme lieutenant au 30ème Dragons (2ème Corps de Cavalerie, 4ème Division, 4ème Brigade) où avant la guerre à Angers il avait effectué son service militaire, qu’il fut gravement blessé le 5 janvier 1918 dans le secteur de Ludes, au sud de Reims: un obus tomba sur une mitrailleuse posée sur le bord du parapet de la tranchée. Tous ses occupants furent tués, à l’exception de l’un d’entre eux qu’on retrouva ayant perdu la raison ; et lui-même inanimé, dont tout le côté droit était criblé d’éclats. Ses jumelles d’officier, accrochées à son cou et tombant sur sa poitrine, furent défoncées par un éclat qui, sans cet obstacle, eût atteint le cœur. Il était tellement atteint qu’il aurait dû être amputé de la jambe droite. Mais la neige qui était abondante en cette saison entra dans la plaie béante et gela les chairs, les protégeant de la gangrène. Si profonde était sa blessure que les chairs n’y repoussèrent jamais complètement : elle forma un trou en longueur que mon père a pu voir souvent : il me disait qu’on pouvait y loger une lampe de poche ! A la cuisse et au niveau des trapèzes, il manquait de la chair. En outre, les chirurgiens durent démêler un amas de chairs auxquelles se mélangeait le tissu déchiré de sa capote militaire. Au cours des décennies qui suivirent, le mouvement des chairs fit ressortir parfois de très minces morceaux de tissu, des fils… C’était vraiment hallucinant. En outre, un éclat au poignet droit avait coupé des nerfs, insensibilisant cette région. Mon père m’a raconté qu’il pouvait poser sa main par inadvertance sur un poêle et ne pas sentir la douleur, ce qui était évidemment dangereux et pouvait favoriser les brûlures.
 
Pour lui, la guerre était finie, mais commençait une longue convalescence dans son hôpital militaire parisien. Malheureusement, il était logé au cinquième étage d’un immeuble, ce qui lui causa encore des désagréments. Car précisément, dès janvier 1918 furent lancés les premiers raids aériens contre la Capitale. Naturellement, on était encore loin de l’ampleur des bombardements durant la Seconde Guerre Mondiale, mais la menace était suffisante pour que des systèmes d’alerte soient mis en place : d’abord les sirènes mobiles des pompiers, puis vingt-sept énormes sirènes fixées sur les toits, et les cloches sonnant à toute volée. Alors, dans l’immeuble-hôpital, on le descendait à chaque fois précipitamment avec tous les autres blessés à l’abri de la cave. Mais ses brancardiers paniqués le firent tomber une fois de son brancard, et les plaies se rouvrirent. Il supplia qu’on le laisse en haut quel qu’en soit le danger, et d’ailleurs la suite des événements l’arrangeât. Dès le mois de mars en effet, les Allemands mirent en batterie la fameuse « Grosse Bertha », en réalité trois canons titanesques de 30 mètres de long, et entreprirent d’envoyer à 120 kilomètres de distance des obus géants sur la capitale. Comme on ne les entendait pas venir, les alertes étaient impossibles. Il y eut des catastrophes, comme celle de l’église Saint Gervais sur laquelle tomba un projectile durant l’office du Vendredi Saint le 29 mars, faisant d’un seul coup 91 morts et 68 blessés.
 
Pierre Adeline fut cité à l’ordre de la Division par le général Lavigne-Delville le 9 janvier 1918 : « Officier mitrailleur d’une haute valeur morale, modèle de sang-froid et de dévouement. A été grièvement blessé le 5 janvier 1918 en allant sous le bombardement, et avec sa bravoure habituelle, vérifier l’état de ses pièces et encourager ses guetteurs ».
La Grande Guerre prit fin et il fut démobilisé, fait chevalier de la Légion d’Honneur le 9 novembre 1920 (c’est plus tard qu’il fut fait officier, le 16 mars 1961, recevant sa rosette des mains du général de La Porte du Theil, le fondateur des Chantiers de Jeunesse) avec la mention « au péril de sa vie » ; décoré de la Croix de Guerre avec palmes, décoré encore de la Médaille des Blessés, et de la Médaille Interalliée, et enfin de la Croix du Combattant. On y ajouta une pension d’invalide de guerre. Sa blessure le fit souffrir toute sa vie : de ce moment, donc à partir de l’âge de trente-trois ans seulement, il ne se déplaça plus qu’avec des cannes, puis, à la fin de sa vie, tel que l’ai connu, avec des béquilles. Les médecins lui avaient recommandé de ne pas trop manger, pour pouvoir supporter le poids d’un corps haut d’1m80 : il disait souvent qu’il avait toujours faim en sortant de table.
Le 22 mai 1919, il fut cité à l’ordre de l’armée par le maréchal Pétain : « Officier de réserve d’une haute valeur morale, très instruit, modèle de courage, de sang-froid et de dévouement. A été blessé grièvement à son poste de combat pendant un violent bombardement, le 5 janvier 1918 au Fort de la Pompelle, pendant qu’il encourageait ses guetteurs »

 

Mars 1918

Extrait des mémoires de Madame Deny.

          Début mars, un ordre de l'armée exigea que tous les enfants de moins de 16 ans soient évacués vers l'intérieur. Avec l'aide et sous la direction de deux institutrices dévouées : Mmes Foutriaux et Cavarrot, un convoi d'une centaine d'enfants de Reims, de Ludes et de Mailly fut formé et acheminé jusqu'à Cancale où nous fûmes logés dans un grand hôtel de la plage appartenant à des autrichiens et réquisitionné pour nous recevoir.

 

1er mars 1918

            Ernest Léon Amédé GOURLAY, né le 2 décembre 1897 à Estréboeuf (80), soldat au 24e régiment d’infanterie coloniale, décédé à Ludes à l’ambulance 13/22 des suites de blessures de guerre.

 

6 mars 1918

          Jean Vincent CORITON, 31 ans, né le 28 septembre 1886 à Etel (Morbihan), Maître pointeur au 2° régiment d'artillerie coloniale, est décédé à Ludes des suites de blessures à l'ambulance 13 coloniale. Nécropole nationale de Sillery (51) tombe 497.

 

7 mars 1918

          Louis René Séraphin LAMY-QUIQUE, né le 10 juillet 1898 (25 Doubs), aspirant au 21e rég. d'infanterie coloniale, est décédé à l'ambulance 13/22 de Ludes des suites de blessures.

          Emmanuel MUSSIGNY, né le 6 mai 1897 à Allerey 71, 2e classe au 21e rég. d'infanterie coloniale, est décédé à l'ambulance 13/22 de Ludes des suites de blessures.

 

11 avril 1918

COCHOU Corentin, né à Loctudy – Sergent fourrier 7e R.I.C. Intoxiqué dans la nuit du 10 au 11 avril 1918, décédé en arrivant à l’ambulance de Ludes.

 

1er mai 1918

       Des éléments du 2e corps de cavalerie sont désignés pour relever la 89e division d'infanterie dans le secteur de Ludes. Deux bataillons du 12e cuirassiers vont occuper le 3 mai les tranchées de la Pompelle et de la ferme d'Alger pendant que le troisième reste en réserve à Ludes. Le régiment va tenir ce secteur jusqu'au 13 janvier 1918.

 

9 mai 1918

          Henri DORP, 2° classe au 88° territorial d'infanterie, 2° compagnie, décédé à l'ambulance 13/22 de Ludes, suite de maladie contractée en service. Nécropole nationale de Sillery (51) tombe 495.

 

31 mai 1918

          Paul SAINT-OMER, 2° classe au 24° colonial, né le 15 décembre 1897 à Bœseghem (59), tué à l’ennemi secteur de Ludes.

 

27 juin 1918

         Félix Joseph NICOLAS, 2° classe au 23° rég. d’inf. coloniale, né le 20 mai 1887 à Sauze (06), décédé de blessures en cours de route sur l’ambulance 9/18 à Ludes.

 

30 juin 1918

         Ecrit par l’Abbé MIOT à Ludes le 30 juin 1918, Ancien Aumônier Volontaire à la 3e Division d'Infanterie Coloniale, Aumônier du Cimetière National de Champenoux, Chevalier de la Légion d'honneur

 

A M. le Lieutenant BALCON.

 

ÇA TAPAIT !

 

Te souviens-tu du chemin creux,

Tout grimpant et tout rocailleux,

Où les Coloniaux joyeux

Allaient, venaient, sans paix ni trêve,

Soufflant, suant, riant, chantant,

Sans se départir un instant

De ce courage débordant,

Qu'enflammait le plus noble rêve ?

Sous la mitraille qui pleuvait.

Ça tapait ! Ça tapait ! Ça tapait !

 

Te souviens-tu du long boyau,

D'ordinaire, tout rempli d'eau,

Qui zigzaguait sur le coteau,

Par où cheminaient les corvées ?

Les Boches l'avaient repéré ;

Aussi se trouvait-il sonné,

En haut, en bas, de tout côté.

Alors, à grandes enjambées,

Chaque poilu se défilait.

Ça tapait ! Ça tapait ! Ça tapait !

 

Le bois, aux vertes frondaisons,

Déchiqueté par les canons,

Dressait tristement ses vieux troncs,

N'ayant plus ni sève ni vie,

Pantelants, meurtris, sous les coups,

Les lierres tombants et les houx

Enguirlandaient les vastes trous.

Où séjournait une eau croupie.

Tu te rappelles la forêt ?

Ça tapait ! Ça tapait ! Ça tapait !

 

Te souviens-tu de ce vieux fort

Qui grillait sous le soleil d'or,

Exhalant une odeur de mort,

Tu sais : le fort de la Pompelle ?

C'est là que les Coloniaux

Subirent d'effrayants assauts

Du Boche qui, par les boyaux,

S'insinuait en ribambelle,

Rampait au sol, puis bondissait.

Ça tapait ! Ça tapait ! Ça tapait !

 

Au début, le secteur fut doux.

Etendus sur les gazons mous,

Nous caressions des rêves fous :

On faisait la guerre en dentelle.

Mais les Boches, sur Champfleury,

Montbré, Villers, Ludes, Chigny,

Taissy, Cormontreuil et Rilly,

Nous envoyèrent de plus belle

Leurs obus fusants à souhait.

Ça tapait ! Ça tapait ! Ça tapait !

 

Te souviens-tu des vieux châteaux,

Où nous gîtions, tels des corbeaux,

Goûtant un paisible repos ?

C'était enfin la belle vie

De calme et de sécurité ;

Le soir, on était éventé

Par la douce brise d'été.

Une nuit, le Boche en furie

Nous fit un barrage complet.

Ça tapait ! Ça tapait ! Ça tapait !

 

Par les sentiers bordés de fleurs

On s'en allait vers les secteurs

Pour voir fantassins, artilleurs,

Et prendre leçon de courage.

Toutefois, Fritz, de temps en temps,

Nous envoyait ses percutants.

Sans perdre alors de courts instants,

On s'allongeait parmi l'herbage.

Pour s'excuser, on alléguait :

Ça tapait ! Ça tapait ! Ça tapait !

 

Mais, pour parler sincèrement,

Il est arrivé bien souvent

Qu'on s'est vu tout à fait brillant.

Il faudra voir, après la guerre,

Quand on sera dans son logis,

Comme on fera de ces récits

Devant les civils, éblouis

Par notre gloire militaire !

On dira, contant ses hauts faits :

Ça tapait ! Ça tapait ! Ça tapait !

 

 

A M. le Commandant Albisser, un frère de Lorraine, en témoignage d’affection.

 

        GUILLAUME, SOIT CONTENT !

 

Tu voulais dominer tous les peuples du monde,

Pour leur inoculer ta « culture » féconde,

Germe de tout progrès et de prospérité.

Mais il fallait d'abord tuer la liberté.

Ah ! tu peux être fier, Kaiser, de ton ouvrage.

Jamais l'humanité n'a vu tel esclavage :

Ton soldat, sous ta schlague, est pâle et tremblotant.

Guillaume, sois content !

 

Tu rêvais, paladin, de marches triomphales,

De discours déclamés en poses théâtrales,

D'une foule en délire accompagnant tes pas

Et jetant, sans cesser, des fleurs et des vivats.

Un lugubre désert s'est fait sous ta mitraille.

Kaiser, tu peux venir sur ton char de bataille,

Voir des murs écroulés sur un terrain fumant.

Guillaume, sois content !

 

La Roche tarpéienne est près du Capitole ;

Au souffle des revers toute gloire s'envole.

Tôt ou tard, empereur, ton peuple verra clair ;

Sur ton front, le malheur fondra comme un éclair.

Tu sais, d'ailleurs, trop bien ce qu'on fit en Russie ;

A ton tour, crains pour toi, crains pour ta dynastie !

Sans toi, peut-être, un jour, ton peuple sera grand.

Guillaume, sois content !

 

Tu donnas libre cours aux vils instincts des âmes ;

Tu couvris de grands mots des besognes infâmes ;

L'ivresse et la débauche eurent droit de cité ;

Tes grands chefs sont fameux par leur atrocité ;

Ton soldat s'est vautré dans le sang et l'ordure.

On exècre, en tous lieux, le titre d'Allemand.

Guillaume, sois content !

 

Sois sans crainte ! ton nom restera dans l'histoire ;

Tes hauts faits de nos fils hanteront la mémoire ;

On parlera de toi non moins que de Néron.

« C'est le grand assassin moderne ! - dira-t-on –

Il brûla des cités et, grâce à lui, la terre

Devint déserte, sombre et pleine de misère ;

Il fit couler à flots les larmes et le sang ! »

Guillaume, sois content !

 

La Lorraine te hait : elle fut ta martyre.

L'Alsace, sous ton joug, apprit à te maudire.

Les enfants des captifs, désertant ton drapeau,

Cherchent, sur notre sol, Ia gloire ou le tombeau.

Puypéroux, Albisser, Heckenroth et tant d'autres

Volent à la victoire à la tête des nôtres ;

Ils entreront dans Metz et Strasbourg en chantant.

 

Guillaume, soit content !

 

15 juillet 1918

          Diego René GRENOUILLET GODEAU d'Entraigues, Maréchal des Logis au 6° régiment de Dragons, est tué au Craon de Ludes par éclat d'obus au PC de la 3° DIC

René HOUAL, maréchal des logis au 19° escadron du train, né le 23 octobre 1880 à Ploërmel (56), décédé à l’ambulance 15/22 au Craon de Ludes

 

18 juillet 1918

       L'ambulance 9/18 de Ludes est transférée à Mareuil sur Ay en renfort de l'ambulance 13/22

Pertes au feu : blessés 5 officiers et 255 hommes ; gazés 22 hommes.

 

21 juillet 1918

      Carnet de guerre de Georges PETIT, un artilleur ardennais (extrait)
Peu à peu nos troupes retraversent la Marne. On parle que nous devons également le faire, quand le 21 juillet, notre batterie est désignée pour aller dans la Montagne de Reims à la disposition du 1ère CC.
Mise en batterie à Craon (Cran-de Ludes) de Ludes dans la forêt (Montagne de Reims). Site merveilleux.

 

11 août 1918

          Marcel CHABRILLANGE, soldat courageux qui a fait vaillamment son devoir dès les premiers combats. Tombé glorieusement à Ludes. Croix de guerre avec étoile de bronze..(J.O. de la République) Nécropole nationale de Sillery (51) tombe 502.

         Claudius VERMILLERE, soldat au 7e Régiment d'infanterie coloniale, tué à l'ennemi à Ludes. Croix de guerre, cité à l'ordre du régiment. Il était né le 22 février 1878 à Charlieu (42).

 

Corentin COCHOU, sergent fourrier au 7° rég. d’Inf. Coloniale, né le 29 juillet 1887 à Loctudy (29), tué à l’ennemi à Ludes

 

19 août 1918

          François Marie SOULAINE, soldat au 88° régiment d'infanterie territoriale, tué à l'ennemi à Ludes. Il était né à Carentoir (Morbihan) le 3 juillet 1875. Nécropole nationale de Sillery (51) tombe 508.

 

 

27 août 1918

       Léon SOUVERAIN, né le 24 juillet 1880 à Igny le Jard, Marne, 2e classe au 3e rég. de spahis, tué à l’ennemi à Ludes